Formation : adapter les salariés aux mutations numériques

Le monde du travail est en mutation sous l’effet de la numérisation de l’économie et du changement technologique global. Ces processus, associés à la mondialisation, le vieillissement de la population et les changements dans l’organisation du travail vont façonner le monde du travail et poseront des défis inédits aux politiques publiques.
“Avec la numérisation et le développement de l’économie numérique, beaucoup d’emplois nouveaux seront créés, mais de nombreux emplois existants seront aussi détruits ou devront être largement repensés. Les professions existantes vont s’adapter et se modifier à mesure que les nouvelles pénètrent dans le monde du travail. L’évolution des besoins en matière de compétences et d’organisation du travail va créer des tensions sur la qualité des emplois, l’équilibre entre vie privée et travail, les inégalités et la cohésion sociale”, a rappelé Stefano Scarpetta, directeur de l’emploi, du travail et des affaires sociales de l’OCDE lors d’un atelier avec des journalistes, mardi 12 janvier.
Cette rencontre précède la réunion ministérielle sur l’emploi et le travail ainsi qu’un forum sur l’avenir du travail dans un monde numérique que l’organisation accueille les 14 et 15 janvier [1].

Mettre en place des marchés du travail plus résilients et inclusifs
Lors de leur rencontre parisienne, plus de 40 ministres en charge de l’emploi, du travail, des affaires sociales ou de la formation professionnelle, de hauts responsables d’entreprises, des syndicalistes ainsi que des experts, devront explorer les initiatives à mettre en œuvre pour tirer le meilleur parti de cette immense transformation et mettre en place des marchés du travail plus résilients et inclusifs.
En effet, les gouvernants se posent des questions de fond qui demandent des réponses durablement efficaces : comment adapter les institutions du marché du travail et les régimes de sécurité sociale à ces changements, afin de protéger efficacement les actifs tout en exploitant le potentiel de ces nouvelles façons de travailler pour offrir de nouvelles opportunités aux individus comme aux entreprises ?

Repenser les initiatives d’adaptation des compétences
D’ores et déjà, pour Stefano Scarpetta, “les politiques de formation et du marché du travail doivent être modifiées de façon à ce que les nouvelles formes d’emploi ne coïncident pas avec de nouvelles formes de travail précaire”.
Il s’agit, selon lui, de repenser les initiatives d’adaptation des compétences, “en anticipant les besoins en compétences, identifier les manques et les inadéquations, et réagir en mettant en place des politiques d’éducation et de formation professionnelle comportant des mesures actives notamment pour l’emploi et l’apprentissage formel et non formel”.
Il s’agit aussi de “construire une base de compétences, plus solides et transférables, pour les travailleurs (pendant la formation initiale et à l’aide de formation continue) et assurer une meilleure reconnaissance de l’acquisition des compétences”.
La réflexion des décideurs concernera aussi les questions liées au salaire minimum, aux heures de travail légales, à la protection sociale, etc. L’objectif étant de pouvoir s’assurer que les travailleurs sont préparés à l’évolution du monde du travail en pleine mutation.
“Les discussions lors du forum seront une source d’information pour les politiques publiques nationales. Elles alimenteront le programme de travail de l’OCDE et la réévaluation de la stratégie de l’OCDE pour l’emploi”, a précisé le directeur de l’emploi, du travail et des affaires sociales.
Adoptée en 1994, cette stratégie a été révisée en 2006. Un bilan intermédiaire doit être effectué en 2017. “Il est prévu d’adopter une nouvelle stratégie à la réunion du Conseil au niveau des ministres de 2018”, a annoncé Stefano Scarpetta. Qui a précisé que “l’événement de Paris fait partie d’une série d’initiatives de l’OCDE visant à approfondir notre connaissance sur l’avenir du travail. D’autres activités et études sont prévues dans le contexte des travaux sur les chaînes de valeurs ajoutées, les changements démographiques et l’effet de différents scénarios prospectifs sur l’inégalité et la cohésion sociale, la qualité des emplois, l’équilibre entre vie privée et travail et les régimes de protection sociale”.

Notes
[1] Le thème global de cette réunion est “Mettre en place des marchés du travail plus résilients et inclusifs”.